Un petit essai d'écriture de 2016.
Le vent soufflait. On entendait les frottements d'une réalité qui s'effrite, ceux de la roche malmenée par l'air qui s'engouffrait entre les cubes de pierres inclinés. Transporté par ce mouvement incessant, l'odeur du sang qui séchait sur le granite, réminiscence des combats qui ont trop souvent fait vibrer ces terres.
Un homme se tenait au bord d'un ravin, observant cette immense cavité cubique constituée de blocs aux tailles irrégulières et aux couleurs sombres. Il regardait la plaine qui s'étendait en bas, parsemée d'arbres qui fusionnaient avec les blocs rocheux; parfois des zones sablonneuses exhibaient des objets réfléchissant jonchant le sol, tel un cimetière de lames.
L'homme cherchait quelque chose, ou plutôt, il attendait que quelque chose se produise. Il savait que le calme de cet endroit n'était pas source d'apaisement, mais plutôt un signe annonciateur de destruction. On pouvait sentir une pression dans l'air comme s'il était chargé d'énergie, prêt à se faire déchirer par la foudre ou par la première lame qui oserait le fendre. L'homme était vêtu d'une longue veste noire, un sabre fixé à sa ceinture. Ses mains étaient jointes dans son dos, sa respiration était lente mais ses yeux verts bougeaient avec vivacité en direction des arbres.
Soudain, un bruit sourd résonna dans cette immense grotte au paysage surréaliste, aussitôt l'homme orienta son regard en direction du bruit. L'explosion provenait du plafond qui était parsemé de piliers de pierres gigantesques. Un pilier se détacha sous le choc, tombant au centre de la plaine. Il s'enfonça verticalement dans le sol, puis bascula et s'étala de toute sa longueur sur la plaine dans un vacarme assourdissant. Un nuage de poussière jailli de la collision, tandis que le bruit s'atténuait en écho et laissait le calme s'installer à nouveau.
La poussière se dissipa et l'homme aperçu alors une forme sur une des faces du pilier; une silhouette se tenait à côté d'un corps allongé sur la surface, traversé par ce qui semblait être un long morceau de métal. Avec la distance, l'homme ne pu distinguer clairement le visage de la silhouette, mais il sentait que son regard pointait dans sa direction. Il ne bougea pas. La silhouette non plus. Ce moment de tension dura quelques secondes. Soudain, la silhouette disparu. Il dégaina instinctivement son sabre et para un coup qui semblait venir de nul part. Ce qui semblait être une tige métallique était en fait une longue épée droite et fine, dont l'extrémité était biseautée et sans courbure. A son autre extrémité, un gant de fer tenait le manche avec force mais sans excès. L'homme observait alors le visage d'un être dont la froideur et la grâce n'évoquaient rien d'autre que la pureté d'un art mortel.